On ne cèdera pas à la facilité rhétorique qui consiste à qualifier la musique de Lionne de féline… Bien plus envoûtant que cet adjectif lapidaire, son univers privilégie l’émotion et l’évanescence des orchestrations. Chez Lionne, la beauté sombre et mélancolique s’érige avec grâce, mais n’interdit jamais à la lumière de jaillir. En attestent les quatre titres de son EP homonyme paru en mars 2019. Lorsqu’elle ne joue pas avec son quator à cordes Well Quartet, ou qu’elle ne prête pas main forte à Cabadzi ou encore à la chanteuse Canine, l’altiste formée au CNR de Nantes déploie sa pop sibylline où l’onirisme côtoie ce petit quelque chose de tribal.

C’est suite à un événement tragique survenu dans sa vie que Anne Berry (pour l’état civil) se plonge dans la poésie de William Blake. De l’introspection orchestrée par les mots du poète britannique naitra alors une inspiration très personnelle. Lionne intègre les sonorités électroniques dans des arrangements organiques à la complexité aventureuse, et c’est bel et bien de résilience qu’il s’agit, en filigrane de chaque mélodie faite de douces volutes harmoniques. La voix élancée et racée de Lionne répond alors à d’intrigantes mélopées qui collent à la peau, titillent nos fêlures profondes, pour finir par caresser l’espoir d’une résilience salvatrice.

A.de Vaubicourt